Site par excellence de la côte nord-est atlantique, la presqu’île de la Caravelle s’apparente à un promontoire qui s’avance dans l’océan sur une étendue de douze kilomètres. Le parc naturel régional qui protège de nombreux sites en Martinique en a fait son domaine d’élection en implantant une réserve naturelle.
Il faut dire que la presqu’île de la Caravelle faisait partie au même titre que la péninsule de Sainte-Anne des premières terres émergées de la Martinique. Riche en enseignements géologiques puisqu’elle renferme à elle seule un condensé de toutes les pierres et minéraux de l’île, elle est également fréquentée par des ornithologues qui peuvent étudier quelques quatre-vingt espèces volatiles.
Lieu sauvage, la presqu’île abrite cependant les restes d’une plantation ou les vestiges du château Dubuc, l’usine Galion (la Baie du Galion ravive le souvenir des Espagnols qui aimaient à y mouiller), la dernière raffinerie de sucre en activité ainsi que la distillerie Hardy.
La route qui sillonne la Caravelle forme une boucle sur Tartane, le seul village de la presqu’île très apprécié en tant que sympathique village de pêcheurs qui annonce les belles plages bordées de raisiniers qui sont celles de Tartane et de l’Anse l’Etang.
Si vous préférez les côtes moins balayées par le vent, préférez la partie sud du côté de la Baie du Trésor qui doit sa légende aux épaves des galions qui n’auraient pas résisté aux barrières de corail. Malgré les falaises déchiquetées qui couvrent la partie septentrionale exposée à une forte houle, le climat de la presqu’île est étonnamment sec et abrite une végétation plutôt aride, renforçant l’aspect sauvage de la Caravelle.
Les ruines du château Dubuc
La réserve naturelle située à l’extrémité est de la presqu’île s’étend sur 442 hectares. Deux sentiers aménagés en concertation avec l’ONF gravitent autour du château Dubuc. Le Château Dubuc, dont il ne reste plus que des ruines, date du XVIIIème siècle alors qu’une famille de colons normands se voyait attribuer en guise de récompense dans la lutte contre les Caraïbes, cette vaste propriété.
Un petit musée à l’entrée ébauche l’histoire de cette ancienne plantation qui servit tant à l’exploitation des esclaves qu’à la contrebande. L’ « habitation Caravelle » qui comprenait 220 hectares a été fondée par Louis Dubuc en 1725 après le rachat de concessions datant de la fin du siècle précédent.
Le domaine était bordé par deux ravines et était accessible par une petite route partant de la Trinité qui faisait transiter les marchandises via Tartane qui rendait toutes sortes de trafics possibles de par sa forme en cul-de-sac. L’habitation Caravelle a connu à son apogée tout un complexe imposant pour l’époque, comptant un moulin, une sucrerie, une rhumerie, une grande purgerie, un système pour alimenter le bétail.
Les marchandises plus précieuses étaient entreposées dans les anciens cachots d’esclaves qui sont toujours visibles aujourd’hui. Il ne subsiste plus le « hameau des nègres de jardin » dans cette habitation qui connut de nombreux esclaves sucriers, distillateurs. Le cyclone de 1766 ainsi que d’infructueux combats contre les Anglais sonnèrent le glas de cette habitation au commerce douteux.
Les sentiers de randonnées
La réserve naturelle de la Caravelle est aussi l’endroit le plus apprécié de la Martinique pour ses oiseaux. Observables dans les environs du château Dubuc en direction de la pointe Caracoli, vous tenterez d’apercevoir quelques spécimens. Parmi ces habitants d’un autre genre, se trouvent :
- le Moqueur Gorge-blanche, espèce rare et menacé
- des sternes bridées qui colonisent l’îlet Lapin tout près de la station de Météo-France
- des phaétons à bec rouge
- des frégates superbes
- des balbuzards pêcheurs
- des chevaliers grivelés
- des tournepierres à collier
- des hirondelles à ventre blanc
- des moqueurs grivottes
… en plus des espèces plus connues comme le merle, l’ortolan, le sucrier à poitrine jaune et bien d’autres encore.
Les sentiers de randonnées
Le Petit sentier (1h30) et le Grand sentier (3h20) vous invitent à pénétrer la forêt sèche qui s’étend sur des vallons et les versants du château Dubuc. La mangrove est également présente avec ses crabes qui grouillent par milliers et ses palétuviers.
Le Grand sentier, permet d’approcher la pointe Caracoli, terre d’élection des oiseaux, l’endroit le plus saisissant de la Caravelle. Le Grand Sentier offre des vues magnifiques sur les falaises et les savanes en même temps qu’un bon échantillon des richesses géologiques de la presqu’île sans oublier les sources thermales pétrifiées.
Pour ceux qui n’emprunteraient pas les sentiers balisés par l’ONF, le phare de la Caravelle muni d’une table d’orientation donne un bon aperçu du site avec des vues imprenables tant sur la côte nord écumante que sur le sud d’une beauté plus sereine.
La presqu’île de la Caravelle compte parmi les endroits les plus troublants de la Martinique et les installations touristiques de Tartane, Spourtourne (base d’activités sportives créée par le parc naturel régional en 1977, Spourtourne accueille également une ferme traditionnelle) et d’Anse Bonneville (spot de surf) donnent envie de prolonger le séjour aussi longtemps que possible sur cette partie est de l’Atlantique aussi sauvage que majestueuse.